Jacques Delahaye 17 juin 1928 - 13 mai 2010 Sculpteur
Julien Alvard
“J. C. Delahaye”; du QUADRUM 2 - Revue Internationale d’Art Moderne (p. 174). Bruxelles, novembre 1956. (republié: Jacques Delahaye - Le Sculpteur. Kettler Kunst, 2006. Éditeurs: Theo Bergenthal / Joachim Stracke)
”J. C. Delahaye”
Julien Alvard
On pouvait voir, il y a deux ans, á la Galerie Verneuil, lors d’une exposition de sculpture, une forme assez encombrante suspendue au plafond á la maniére d’une chauve-souris. C’était le «Gros Insecte» de J. C. Delahaye. Fait de lattes de bois, ce gros insecte planait comme un événement Don Quichottesque au-dessus des pierres plantées et des fers brasés de l’exposition. On sentait que cet événement avait quelque chose de déplacé. C’était un mérite indiscutable qu’il se détachét de l’entourage par sa singularité. Il ne fallait plus qu’une confirmation pour que l’attention se fix´at sur son auteur. C’est cette confirmation qu’ont apportée les œuvres postérieures de Delahaye cette fois orienté vers les métamorphoses septiliennes. Façonnées avec un sens trés súr des accidents et des cassures, les formes animales créées dans le précaire et vivant assemblage des écailles de bois paraissent chez lui un stimulant de choix pour évoquer des états de tension. Les longues échardes dont il se sert évoquent, par leurs trajectoires tendues, des animaux á la limite de l’étirement. Qu’il s’agisse de poissons, de serpents ou de chats, on retrouve toujours une sorte de magnétisme vectoriel. On pourra s’effrayer d’une technique précaire lorsqu’il s’agit de sculptures en bois et en plâtre. Mais dans la mesure où s’y trouve exprimées la liberté et la diversité d’un état d’approche formel, elle révéle, il faut le reconnaître, une imagination imprévue et captivante.